Un traité de Lisbonne à l'avenir incertain, une ambition climatique fragilisée par la récession et une crise financière qui met à l'épreuve la cohésion
européenne : les défis ne manquent pas pour la Suède, qui assure à partir du 1er juillet la présidence tournante des Vingt-Sept. Le pragmatisme et l'expérience mis en avant par le
premier ministre conservateur suédois, Fredrik
Reinfeldt, seront indispensables pour tourner la page d'une présidence tchèque désorganisée et affaiblie par la chute du gouvernement Topolanek.
Avant que les nuages ne s'accumulent sur leur présidence, le plan de route des Suédois était tout tracé : réussir le sommet de Copenhague qui se tiendra en décembre
2009 au Danemark. Lors de cette réunion internationale, l'Union européenne entend jouer un rôle moteur pour conclure un nouveau traité de lutte contre le changement climatique qui remplacera
celui de Kyoto. L'objectif se brouille à mesure que la crise s'accroît. Les Etats-Unis et les pays émergents, comme la Chine, l'Inde et le Brésil, ne partagent pas à ce stade le volontarisme des
Européens, dont certains s'interrogent sur l'opportunité de faire cavalier seul.
Au-delà de la crise, la présidence suédoise risque d'être handicapée par les incertitudes institutionnelles, la mise en place du nouveau Parlement européen et la
fin de mandat de la Commission.
"VIDE DU POUVOIR"
M. Reinfeldt craint une sorte de "vide du pouvoir" si la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de l'exécutif européen devait
tarder. Les Vingt-Sept chefs d'Etat et de gouvernement ont soutenu le principe de sa nomination lors du Conseil européen des 18 et 19 juin. Le Parlement européen pourrait refuser de confirmer dès
juillet le seul candidat en lice, un homme soutenu par les conservateurs, dont M. Reinfeldt, mais que la gauche conteste.
En cas de report du vote à la rentrée, la reconduction effective de M. Barroso pourrait ne pas survenir avant un second référendum sur le traité de Lisbonne en
Irlande. Dans la foulée des garanties accordées à Dublin lors du dernier Conseil européen, la consultation pourrait être organisée début octobre, le 2 selon la presse irlandaise.
Un an après une première victoire du non, le oui est en tête dans les sondages. En cas de ratification, la présidence suédoise disposera alors de peu de temps pour
assurer, avant le début de l'année prochaine, la mise en oeuvre du traité destiné à améliorer le fonctionnement de l'Union. Le choix du président stable du Conseil et du haut représentant pour
les affaires extérieures promet de délicates tractations, aucune candidature "naturelle" n'étant à ce jour identifiée.
Chaque présidence tournante a ses marottes. Après l'union pour la Méditerranée que les Français ont toujours du mal à faire exister, et le partenariat oriental cher
aux Tchèques, les Suédois veulent mettre sur pied une "stratégie pour la mer Baltique". Très portée sur l'élargissement, la présidence suédoise avancera en revanche à pas de loup en ce
qui concerne les négociations d'adhésion de la Turquie. Deux nouveaux chapitres pourraient être ouverts, mais Stockholm a constaté ces dernières semaines que la question était devenue très
sensible à Paris et à Berlin.
De surcroît, la présidence suédoise n'est pas à l'abri ni d'une crise internationale ni d'un nouvel épisode de la "guerre du gaz" entre la Russie et l'Ukraine.
Moscou accuse Kiev de ne pas être en mesure de payer ses factures de gaz. Une réunion est prévue lundi 29 juin à Bruxelles, pour tenter de déminer un dossier jugé à haut risque.