Il y a quinze mois, les Irlandais avaient dit "non" au traité de Lisbonne. Ils devront se prononcer à nouvau vendredi 2 octobre et cette fois l'Union européenne espère bien un "oui" qui débloquerait la réforme des institutions européennes.
Le premier ministre irlandais Brian
Cowen a sonné le rappel, jeudi, dans une déclaration appelant "tout le monde à voter". "Le soutien en faveur du oui est solide mais il ne
faut rien considérer comme acquis", citant des sondages favorables à l'adoption du traité avec de 48 % à 68 % de "oui" contre 7 % à 33 % pour le "non".
Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Dick Roche, a de son côté mis en garde contre "un excès de confiance", mais on voit bien que l'attitude de Bruxelles est bien loin de celle qui prévalait en juin 2008, avant le
premier référendum. Les sondages étaient pessimistes et les 4,3 millions d'Irlandais, soit moins de 1 % des Européens, avaient finalement rejeté Lisbonne à 53,4 %.
"SPÉCIFICITÉS CELTIQUES"
L'Irlande, seul pays tenu par sa Constitution d'organiser un référendum, a accepté de faire revoter la population moyennant des contreparties. L'UE a assuré qu'elle
ne toucherait pas aux "spécificités celtiques" : l'interdiction de l'avortement, la neutralité militaire et un faible taux d'imposition. De plus, si le traité est adopté, l'Irlande
continuera à disposer de "son" commissaire européen. "Ces garanties sont irréfutables… et ont modifié de manière substantielle la dynamique du référendum", avait assuré mercredi
30 septembre le premier ministre Cowen.
Dans les pubs de Dublin, le traité de Lisbonne a suscité bien moins d'intérêt que le récent 250e anniversaire de la Guinness, d'où les précautions de
Brian Cowen et Dick Roche. Conscientes de l'apathie d'une population à qui l'on demande de voter deux fois sur le même texte, les forces du "oui" ont fait jouer la corde sensible de l'économie et
surtout des emplois.
"En votant oui, vous aiderez l'Irlande à rétablir son économie"
Les "nonistes" dénoncent une campagne du "oui" alarmiste et estiment que les garanties ne changent "pas une seule virgule" au traité, selon le mot de
Gerry Adams, leader du parti
nationaliste Sinn Fein. D'autres parient
sur un vote sanction contre un gouvernement impopulaire et qui a eu bien du mal à faire passer un plan de sauvetage des banques ayant coûté 54 millions d'euros.
"Oui, les gens sont très en colère… mais je pense qu'ils sont capables de faire la différence"
Le Monde., a asséné le premier ministre Cowen, recevant l'appui marqué de certains des plus grands hommes d'affaires du pays. Le patron de Ryanair, Michael O'Leary, achète des pleines pages de journaux barrées d'un grand "oui à l'Europe".